Interview de l’ancien international Béninois Moussa Traoré Safradine: L’UNFPB doit accompagner les anciens footballeurs pour une bonne reconversion à la fin de leur carrière.
Bonjour Safradine et encore merci de répondre à nos questions. Pour commencer, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Bonjour on m’appelle Safradine MOUSSA TRAORE, ancien footballeur, ancien membre de l’équipe Nationale des Ecureuils du Bénin.
A quel âge as-tu commencé le football et dans quel club ?
J’ai commencé le foot tout petit dans la rue avant de rejoindre le centre de formation d’un grand homme du nom de ASSOUMA Moumouni qui est devenu plus tard FRANCE BENIN FOOTBALL. Après je suis passé aux Buffles du Borgou.
Tu es resté combien d’années aux Buffles du Borgou et comment es-tu arrivé dans le club ?
J’ai fait pratiquement 10 ans aux Buffles grâce notamment au feu ABDOULAYE Mohamed dit petit Sori aujourd’hui décédé (Paix à son âme).
Tu étais de la génération dorée des Buffles du Borgou avec Fassinou Ignace, Gambari Iskil, Semiou Campos et tous les autres. Comment expliques-tu qu’aucun joueur de cette génération n’ait pu jouer professionnel à l’extérieur ?
(RIRES) Pour résumer je dirai que DIEU en a décidé ainsi. Dans ce milieu, parfois le talent seul ne suffit pas. Il faut quelquefois un coup de main de la providence. La chance peut se révéler un facteur déterminant.
Le public et les supporters des Écureuils du Bénin vous ont découvert lors de la CAN et du championnat du monde junior 2005, tournois au cours desquels vous étiez titulaire indiscutable dans le couloir gauche de la défense béninoise ; quels souvenirs gardez-vous de cette épopée ?
Que de beaux souvenirs. J’en profite d’ailleurs pour remercier le coach Serge Devez qui a su résister à toutes les pressions pour me maintenir dans l’équipe.
Que de beaux souvenirs ? Même l’assassinat de ton coéquipier Campos ?
La mort de notre coéquipier Campos demeure naturellement un souvenir très douloureux. C’était une perte immense et inopportune. Que son âme repose en paix.
Vous perdez le premier match 0-3 face au Nigeria, votre gardien de but a été assassiné à quelques mètres de votre lieu d’hébergement, puis on vous voit vous métamorphoser en dominant la RCI 4-1 un nul prolifique face au Mali 3-3 et au finish vous obtenez la médaille de bronze. Qu’est-ce qui a fait votre force après le match inaugural et l’assassinat de votre gardien de but ?
Je crois que chaque membre de l’équipe s’est dit qu’on allait tout donner pour lui et puis voilà, on a eu la médaille de bronze au finish. C’est une grâce
Revenons un peu à vous : Après vos brillantes prestations avec les juniors, beaucoup d’observateurs vous prédisaient une carrière internationale mais vous n’avez jamais pu passer Le Cap. Qu’est-ce qui s’est passé ?
Disons simplement que Dieu a un plan pour tout un chacun de nous. Je dirai que c’est la volonté de Dieu et puis voilà.
« C’est la volonté de Dieu », n’est-ce pas un peu trop facile ? Ne serait-ce pas plutôt une façon de ne pas reconnaître ses mauvais choix, sa mauvaise hygiène de vie et le manque de sérieux dans son travail ?
Saches que je n’avais pas une mauvaise hygiène de vie et pendant toute ma carrière de footballeur, j’ai toujours pris au sérieux mon travail.
Aujourd’hui de quoi est fait le quotidien de Moussa Traoré Safradine ?
Je suis Encadreur sportif spécialisé football au lycée Mathieu BOUKE de Parakou depuis quelques mois.
Que pensez-vous de la création et du programme d’action de l’Union Nationale des Footballeurs Professionnels du Bénin ?
La création de l’UNFPB est une très bonne chose pour le football en général aussi bien pour les anciens footballeurs que pour ceux qui sont encore en activité.
Quel a été votre ressenti quand vous avez été choisi pour faire partie de la coordination de l’UNFPB section Borgou ?
C’est un plaisir d’être dans la coordination de la section Borgou de l’UNFPB. Tout mon plaisir sera d’œuvrer pour une bonne visibilité et une adhésion massive des acteurs du football du Borgou
Sur quel axe l’UNFPB doit beaucoup plus travailler afin de mieux réussir sa mission ?
Pour réussir, l’UNFPB doit beaucoup sensibiliser le monde footballistique sur le bien-fondé de l’Union pour obtenir une adhésion totale de l’ensemble des acteurs car c’est une première au Benin. Tout début est souvent difficile mais je pense qu’il faut être vraiment patient et ça va prendre.
Selon vous, que doit apporter l’UNFPB aux anciens footballeurs ?
L’UNFPB doit accompagner les anciens footballeurs pour une bonne reconversion à la fin de leur carrière. Depuis 2014 par exemple, la FBF (Fédération Béninoise de Football, ndlr) n’a plus organisé les tests pour la délivrance de licence au profit de ceux qui aspirent à devenir entraîneurs. Si l’Union peut œuvrer à ce que la FBF puisse enfin reprendre ces tests, ça sera à l’actif du Syndicat.
Quel est votre message à l’endroit des jeunes footballeurs encore en activité ?
À l’endroit de ceux qui sont en compétition, je leur demande d’adhérer massivement à l’Union pour qu’ils soient conseillés et orientés afin de réussir au mieux leur carrière et leur après carrière. En tant que joueur, nous ne disposons pas forcément du temps et des ressources pour le faire.
Et à l’endroit des anciens footballeurs, vous avez sans doute un message également ?
Oui, je demande aussi aux anciens footballeurs d’adhérer sans réserve à l’Union car l’union fait la force dit-on. Unissons-nous pour un lendemain meilleur de notre football.
Quel est votre avis sur les performances actuelles des Écureuils du Bénin ?
On ne peut que féliciter les joueurs et le staff car de plus en plus on devient fier de notre équipe même si on sera absent à la CAN prochaine. Le niveau de notre football est aujourd’hui acceptable et c’est grâce à l’effort combiné de tout le monde.
Que faut-il selon vous pour que le Bénin règne dans la cour des grandes nations du football de façon durable ?
Pour que le Benin règne dans la cour des grands du foot sur la durée, il faut repartir à la base pour une bonne formation des jeunes sans oublier la formation des formateurs. C’est très important, il faut promouvoir la création et la viabilité des centres de formation à vocation purement footballistique.
Votre mot de fin
Je remercie tous ceux qui ont eu l’idée de créer l’UNFPB et je demande à tous les acteurs du football béninois d’aider et de faciliter la tâche à cette union pour le bonheur de notre football.
Interview réalisé par Aimé GNACADJA